top of page
Best01.jpg

Best regards

Impressions numériques montées sur dibond et cire microcristalline

2019

Photos : VU

 

Ce projet consiste en un assemblage composite d’images comprenant des dessins, des chartes de couleur, des émoticônes, des photos provenant de sites de revente comme Kijiji ou Marketplace. Ces éléments juxtaposés représentent pour moi les signes et les résidus de notre monde de consommation matérielle et numérique. Je souhaite approfondir ma réflexion sur la circulation des objets et des images en observant la manière dont nous communiquons et coexistons à travers ceux-ci. On retrouve dans cet échantillonnage des dessins inspirés de motifs de papiers à lettres qui sont laissés vides invitant à la projection imaginaire et évoquant l’écriture manuscrite. Je m’intéresse au papier à lettre pour son caractère désuet. Il s’agit, en effet, d’un objet qui disparaît actuellement de notre monde.

 

Dans cette nouvelle proposition, les éléments seront recouverts d’une patine de cire microcristalline leur donnant un caractère de chair ou de peau et me permettant de travailler la notion de surface. Je m’intéresse à la cire pour ses propriétés de préservation et « d’encapsulement » du temps. Cette matière magnifie et embrouille ce qu’elle recouvre. Il s’opère aussi avec cette substance une sorte de ralentissement où les choses s’engloutissent, s’immobilisent, se momifient. Avec ce projet, je cherche à créer une agglomération qui me permettra de « donner corps » à ces images numériques. 

 

Extrait du texte Voir l'invisible par Michelle Drapeau 

Publié par VU en lien avec la programmation 2019-2020

« Le concept d’invisibilité fait surgir un spectre qui hante les mondes de l’art depuis des lustres : celui du travail invisible. (…) Lorsqu’on se penche sur la vocation d’artiste, impossible d’ignorer l’invisibilisation répandue du travail lié aux divers processus de recherche et de création, ou encore aux innombrables tâches complémentaires mais nécessaires à la profession.

 

Les racines féministes du concept de « travail invisible » permettent de poser des balises quant à différents enjeux qui touchent le milieu artistique. Émanant du féminisme de deuxième vague – avec la publication notable du manifeste Wages Against Housework de l’activiste Silvia Federici en 1975, l’expression dénonçait l’imposition systématique des responsabilités domestiques aux femmes : les tâches ménagères, le labeur émotionnel et la charge mentale du foyer. Historiquement, on justifiait la répartition inégale du travail en s’appuyant sur une présomption de prédisposition féminine au soin et à la bienveillance. On s’était convaincus (à tort) que les femmes n’avaient pas besoin de compensation ni de reconnaissance pour l’accomplissement de gestes attentionnés qui, selon les croyances, advenaient naturellement chez elles. Ce précepte permet d’alimenter la réflexion sur le travail invisible des artistes et des travailleurs(-euses) culturel(le)s. Résistant aux valeurs productivistes de l’impératif capitaliste, le travail artistique est, lui aussi, souvent considéré comme une mise en œuvre instinctive d’une passion innée, d’un besoin que l’on assouvit par amour pour l’art, et non par besoin de rétribution. »

bottom of page